qui Je suis
Je suis née avec un cerveau neuroatypique, un cerveau qui fonctionne différemment des personnes non autistes. Je n'ai pas demandé à être ainsi, d'ailleurs j'ai toujours voulu être comme les autres.
J'étais consciente, dès mon plus jeune âge, de ma différence et je me souviens très bien en avoir fait mention à ma mère qui m'a répondu "Mais, tu es comme les autres!". Je n'en ai plus jamais reparlé, il m'étais incapable d'expliquer ce qui m'habitais ni pourquoi je me sentais en décalage face aux autres enfants.
Lorsque j'avais 4-5 ans, un jour où je traversais la rue avec ma grand-mère, je me disais en la regardant avoir hâte d'avoir son âge. Je savais très bien, au plus profond de mon être, que la vie ne me sera pas facile, qu'elle sera parsemée d'embûches et de défis.
Bien tard dans ma vie, à l'âge de 50 ans, j'ai découvert le syndrome d'Asperger, un trouble du spectre de l'autisme, qui fut une révélation, et lors de mon diagnostic en 2017, je fut prise entre des sentiments contradictoires, autant j'ai ressenti un tel soulagement, autant je me suis dit que je devrai faire mon deuil de la personne que je voulais être. Après avoir fait connaissance de la personne étrange, étrangère, que j’avais toujours essayé de connaitre et d’apprivoiser, un nouveau chapitre de ma vie pouvait enfin débuter sur des bases plus solides. En étant maintenant consciente de mes forces et mes faiblesses, je “renais” une deuxième fois avec la certitude d'être en mesure de poursuivre ma route plus sereinement.
Mon histoire est contée afin de me libérer de l'emprise que ce syndrome exerce sur mon cerveau, depuis ma tendre enfance. S'ouvrir au monde ne m'est pas inné, tout comme l'huître, tellement fragile qu'elle est dotée d'une coquille épaisse et infranchissable pour se protéger, s'ouvrant timidement nous laissant entrevoir, de peur qu'on la lui dérobe, la richesse qu'elle possède.