Mars 2020 : L’état d’urgence de la province est déclaré. Tout est mis en branle au milieu de travail (communiqués et avis publics, politique interne, plan opérationnel, etc.), nous en mangeons, nous en respirons, de la COVID. En plus de tout ce que ça implique de surplus de tâches, nous sommes tenus au travail à la maison, et ce, jusqu’à nouvel ordre. Branlebas de préparatifs pour s’installer dans nos pénates - adaptations technologique, technique, ergonomique.
Depuis le temps que je me questionnais à savoir si un travail à la maison serait mieux approprié pour moi et voilà que j’ai eu l’occasion de l’expérimenter, quelle chance ! Durant plus de 2 mois j’ai donc pu en faire l’expérience ; j’y ai vu le côté positif mais j’ai dû également composer avec l’aspect négatif (car rien n’est parfait) du travail à distance.
Alors voilà que je m’installe confortablement dans la 2e chambre de ma maison où j’y ai déjà un petit bureau, avec ma chaise ergonomique apportée de mon lieu de travail, je suis en affaires !
Horaire de travail : Afin de mieux performer et de ne pas tomber dans la procrastination, j’ai maintenu le même horaire comme si j’étais au bureau ; prendre mes pauses aux heures habituelles, mon heure de lunch et fermer la porte à la fin de la journée. De maintenir le même horaire a aussi permis un retour en douceur au bureau.
Adaptation : Travailler à la maison pour une entreprise qui n’est pas tellement souple au départ ou plutôt qui n’est pas disposée à ce type de travail, ne peut être comparée à un travail à contrat ou à une entreprise personnelle. Alors, nous n’étions pas prêts, mais pas du tout, à faire face à cette urgence. Nous nous sommes toutefois adaptés en conséquence, non sans heurt, essais, erreurs, mais tous y ont mis la main à la pâte et l’avons fait en main de maitre.
Socialisation : Au niveau social, ça été un charme ! Plus besoin de socialiser durant les pauses, ne plus avoir ces incessantes questions intérieures : ne pas savoir quoi dire, comment agir, quand parler, à qui, quand, comment, pourquoi, pourquoi pas… Une réelle pause pour mon cerveau. Et pas seulement, mais l’interaction avec des personnes extérieures de la boite également. Mon stress vis-à-vis l’aspect social est passé de 10 (étant le plus haut niveau) à 1.
Technologie : Pour ce qui est d’accomplir mes tâches en ligne, le système en réseau à distance est efficace mais au niveau visuel ce n’était pas le confort et les réunions à distance, ce fut un apprentissage, avant (trouver le système qui nous convenait le mieux et le fonctionnement) et pendant (garder une attitude professionnelle, suivre le code de déontologie et le décorum, la “nétiquette” quoi).
Et le calme ! C’était parfait, enfin presque…
Lorsqu’à quelques reprises mon conjoint entrait dans mon espace comme s’il était chez lui - bien oui je sais il l’était - je devais lui rappeler que j’étais au travail! Il a donc dû s’adapter lui aussi. Encore heureuse qu’il n’est pas apparu lors d’une réunion virtuelle !
À mesure que le temps passait et que je m’habituais à cette nouvelle réalité, j’ai réalisé que, petit à petit, je lâchais lousse par rapport à mon horaire ; donc, j’imagine que quelques semaines de plus à la maison et l’horaire aurait pris le bord, sans pour autant nuire à mon travail (je tiens à préciser).
Bref, hormis tous les bons côtés du travail à la maison, il y a cette routine à laquelle on est habituée et que l’on a adoptée que l’on perd petit à petit, et cette routine est venue à me manquer ainsi que de sentir l’air durant la journée lors de mes sorties, brièvement mais immanquablement, le matin, le midi et à la fin de la journée.
Est-ce que le travail à la maison est vraiment fait pour moi? Non, si je dois bosser pour une entreprise externe qui n’est pas conçue pour ce type de travail et, oui, lorsque je serai à la retraite et que j’aurai le libre arbitre de mon temps, de mes choix, de ma vie.
Honnêtement, ces années Covid m’ont permis, vraiment, de prendre une pause, non seulement au travail, mais dans la vie de tous les jours. Puisque tous étaient confinés chacun chez eux, nous n’avions plus de visite impromptue et je n’avais pas à faire tous les efforts nécessaires pour socialiser et, par conséquent, j’ai pu recharger mes batteries.
Les fameux masques ! Évidemment les sourires ont manqué à tous, y compris à moi. Surtout, avec le masque, il a été difficile de comprendre les gens, pas seulement dans le sens d’entendre, mais bien de cerner les expressions, les non-dits, tout ce que nous avons déjà de la difficulté à comprendre normalement (sans masque), puisque les personnes autistes regardent la bouche plus que les yeux lorsqu’elles discutent avec les autres. C’est notre façon de bien comprendre le message qui nous est transmis. Lorsque je pense à regarder dans les yeux (oui, je dois y penser, puisque ce n’est pas naturel), je deviens déconcentré et je peux perdre le fil de la conversation. J'ai donc décidé de faire mon chemin, lorsque j'allais faire les courses par exemple, et d'éviter tout contact avec les gens.
Bizarrement, juste avant le déconfinement, je commençais à trouver lourde cette solitude imposée. Même si je préfère la plupart du temps être seule et vaquer à mes occupations seule, j’aime être entourée de gens, je ne suis pas une ermite, quand même !
Réintégrer les pauses au bureau : C’était un NON pour tous. Il a été convenu d’un commun accord et avec l’approbation de l’employeur, de retirer les pauses et de terminer plus tôt à la fin de la journée. Ce qui permet une meilleure gestion des tâches, un gain de temps et de maintenir un côté professionnel en tout temps. Évidemment, pour moi, c’est un gros plus.
Réellement et je me répète, les années COVID furent une pause bénéfique pour moi. Un temps où je me sentais égale aux autres, durant lequel je n'avais pas ces questions intérieures à savoir si je devais aller on non à une soirée sociale ou un diner quelconque, sans me sentir coupable si je n'y allais pas ou me sentir en décalage et m'être questionnée sur mes paroles et agissements, souvent plusieurs jours après l'activité sociale.
Oui, ce fut une vrai pause !
Une douce pensée pour toutes les personnes et leurs proches qui ont vécu durement ces dernières années dû à la COVID-19.
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