Vous vous souvenez de cette réplique du one man show “Le gars fatigué” du québécois Dominique Lévesque? Vous pouvez toujours retrouver des vidéos sur lui sur Youtube.
Il n’en faudrait pas beaucoup plus pour que je lui ressemble parfois!
Le temps des fêtes de Noël condense et amène à lui seul toutes les occasions et moments de vider complètement sa batterie. Vous me direz “oui mais, nous sommes presque à la St-Valentin!”. Effectivement,vous comprenez que la plus grande période des fêtes de l’année débute en novembre, et qu’il se termine, avec les souhaits du nouvel an, jusqu’à la fin janvier, en principe. Ce qui veut dire, beaucoup, beaucoup, de travail physique et mental. Il n’en faut pas plus, une fois tout ce branlebas passé, pour sombrer dans une léthargie bien ancrée en soi qui durera en moyenne, si je peux dire ainsi, un mois supplémentaire de récupération.
Les autistes comprennent déjà ; pour les non autistes, sachez que le temps pour une personne autiste de se remettre après une situation, un évènement, une activité, bref, à peu près tout ce qui, pour les personnes qui ne sont pas sur le spectre, prendra de 1 heure à quelques jours, sera multiplié par 100 pour une personne autiste.
Mais pourquoi donc cela prend-il aussi du temps à récupérer? Alors, au niveau physique, puisque la plupart d’entre-nous sommes hypersensibles, ce sont tous nos sens qui sont en éveil de façon, si je peux m’exprimer ainsi, “exagérée”. La lumière trop vive et erratique (néon qui clignote), les sons trop forts et soudain, par exemple, sont des agresseurs pour les sens de la vue et de l’ouïe. Pour ne nommer que ceux-là. La psychologue qui m’a diagnostiqué, m’a dit “c’est comme si tu as des soucoupes à la place des oreilles!”.
Au niveau mental, c’est l’aspect social qui entre en jeu. Discours intérieur d’un évènement à venir :
-Précédant l’activité (ce qui peut être 2 semaines avant !) : Est-ce que j’y vais ou pas? (cette seule question me prend 25% d’énergie!) Si je n’y vais pas, je vais me sentir exclue et coupable, si j'y vais ce sera au détriment de beaucoup d’efforts. Par quelle porte entrer? (si l’endroit m'est inconnu). Qui sera là? Combien de personnes? Qu’est-ce que je dois dire? Vais-je être à la hauteur? Vais-je dire quelque chose qui n’a pas rapport ou tout simplement être mutique?
-Pendant l’activité : Est-ce que je dois parler à tout le monde? Est-ce que je me présente bien? Est-ce que je donne la main? Ne regarde pas trop dans les yeux, mais oui regarde, mais ne fixe pas ! Est-ce que je radote? Est-ce que j’ai mis des gens mal à l’aise? Est-ce que j’a l’air en décalage? Ah! j’ai encore mal réagi ou mal agi ! J’ai été arrogante, susceptible, prétentieuse? Je veux disparaitre, maintenant. Allez, sors d’ici, fais quelque chose, reste pas là comme un piquet!
-Après l’activité (jusqu’à 2 semaines après !) : J’aurais pas dû dire ceci ou cela! Ma réponse était vague, surprenante, j’aurais dû expliquer, renchérir ! J’aurais pas dû agir ainsi! J’ai encore fait une gaffe et, voilà, je me suis fait remarquer ! Pourquoi il ou elle m’a dit ceci ou cela? Que voulait dire cette expression sur ce visage? Je n'ai pas bien saisi, était-ce sincère ou sarcastique?
Assez compliqué gérer un pareil cerveau! La beauté dans tout ça, c'est que ces questionnements internes se dissipent avec l'âge. Par contre, l'hypersensibilité est là pour rester et il vaut mieux choisir ses batailles.
Oui, faire des choix est donc nécessaire pour éviter les “meltdown” et “shutdown” et sombrer en épuisement. Quand notre corps et notre tête disent “non”, il faut les écouter, c’est notre instinct qui parle, et c’est lui seul qui a raison.
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