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Photo du rédacteurLinda Levesque

Amitié qui finit n'avait point commencé


L’amitié a toujours été un mystère pour moi. En comprendre le fonctionnement a été plus ardu que d’apprendre à conduire une auto “standard” manuel. Lors de mes recherches, il y a bientôt 10 ans, afin d'en venir à percer le mystère de ma personne, je suis tombée sur le texte “Je ne serai jamais cool” de Marie-Josée Cordeau. Cet article m’a profondément touché et je m’y suis reconnue à 95 %.


J’ai longtemps cru que le ratio amitié était 1:1, alors que c’est plutôt 1:indéfini. Pour moi, le besoin d’amitié se limite à une personne. Je résume :

  1. Devoir connaitre à fond la personne, ses qualités et défauts, ses intérêts, etc., est nécessaire afin de m’engager dans une nouvelle amitié et surtout poursuivre cette amitié, ce qui me prend du temps, hélas trop ;

  2. Les nombreuses interactions provenant de plusieurs amitiés ne sont pas envisageables, j’ai d’autres intérêts qui doivent être comblés ;

  3. Ne plus reconnaitre une personne après une première rencontre : il m’est arrivée d’avoir une première bonne impression que je n’ai pu garder du fait que je ne reconnais pas la personne à la deuxième rencontre, ce qui laisse croire à l’autre que je n’ai aucun intérêt à poursuivre (j’ai déjà écrit un article sur la prosopagnosie) ;

  4. Les 1re, 2e, 3e, etc., rencontres sont toujours à recommencer, il n’y a pas d’évolution de mon côté, plus les rencontres avancent et moins je sais quoi dire, quoi faire, c’est un éternel recommencement, comme une personne qui perd la mémoire, moi je perd mes repères, le fil de la continuité ;

  5. Puisqu’il est déjà assez compliqué pour une personne autiste de vivre dans le monde des personnes non autistes, il est d’autant plus compliqué de lier des amitiés et surtout de pouvoir les garder : ne pas pouvoir comprendre les intentions, les sous-entendus, le 2e degré, est très frustrant, on ne sait jamais sur quel pied danser (en passant, je n’aime pas danser) ;

  6. Je n’aime pas les futilités, les activités dans lesquelles je crois perdre mon temps, Il y a tellement de sujets qui m’intéressent dans la vie, que cela prend la majeure partie de mon temps à lire, à faire des recherches sur ces nouveaux centres d’intérêt ;

  7. Pour décompresser, les neurotypiques ont besoin de leurs amis, de participer à un 5 à 7, d’aller prendre un verre, moi, j’ai besoin d’être seule, de faire une activité que j’aime, qui me détend ;

  8. Il m’est impossible de donner ce qu’une personne s'attend d'une amie - je ne suis pas du genre à câliner, complimenter, donner, toucher pour montrer mon affection, c’est contre ma nature ;

  9. Je suis devenue méfiante, depuis très longtemps, à cause de mes expériences passées, ce qui fait de moi une personne qui peut sembler difficile à aborder et l’air de dire “je m’en fous” ;

  10. L’amitié doit être basée sur des bases solides : confiance, intégrité, respect, fidélité, authenticité, superbes qualités chez les personnes sur le spectre de l’autisme, et ça ce n’est pas acquis, c’est inné!

Ceci étant “écrit”, c’est sans compter ma façon d’agir, d’interagir, qui éloigne les personnes autant bien intentionnées qu’elles puissent l’être. Alors, pas évident que je n’attire pas les amis comme le miel attire l’ours. Le temps qu’il me faut pour me faire une amie est le temps qu’il faut à cette personne pour m’oublier.


Vient un temps où les meilleurs amis deviennent des amis, les amis des connaissances et les connaissances des inconnus” - Auteur inconnu


J’ai dû repenser ma définition de l’amitié et essayer de comprendre les neurotypiques, je comprends mieux, mais je n’ai pas l’énergie et le temps à m’investir dans tous ces efforts. Pour les personnes non autistes, se lier d’amitié et tout à fait naturel, est inné chez eux. Je sais que ça peut paraitre étrange et difficile à comprendre, mais c’est la triste réalité. Bref, une personne qui veut devenir amie avec moi doit s'armer de patience, compréhension et bienveillance.


Pour conclure, il faut savoir que j’aime être entourée de gens, j’aime les gens, ce que je n’aime pas, ou plutôt qui est difficile pour moi, c’est l’interaction avec les gens qui me demande beaucoup d’efforts et d’énergie, surtout lorsque je suis fatiguée ou pressée par le temps. Entrer en contact avec une personne, faire les premiers pas, même si je suis beaucoup moins anxieuse qu’avant, m’est encore difficile.



Citation en titre de Publius Syrus

Crédit photo : Pixabay (Greyerbaby)


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